Au XIXème siècle, il n’ y avait pas, à Paris, de marché organisé de l’art. La réputation d’un peintre se faisait, on l’a vu dans d’autres présentations notamment ici, par l’ exposition de ses œuvres au Salon Annuel de l’Académie des Beaux Arts. Un comité choisissait celles retenues pour l’exposition et définissait les modalités des accrochages. Puis le public venait voir et critiquer. L'Etat distribuait des medailles et achetait des oeuvres. Ce processus perdura dans presque tout le XIXème siècle. Sous le Second Empire cela créa des difficultés car il y eut trop de peintres qui voulaient exposer. En 1863 on refusa plusieurs milliers de tableaux. Aussi Napoléon III créa-t-il le "Salon des refusés", à côté du Salon officiel.
Courbet et Manet, par ailleurs si différents, partagent l’infortune d’avoir été raillés et moqués lors de ces Salons, le premier en 1851 avec "l'Enterrement à Ornans", le second en 1863 avec le "Déjeuner sur l'herbe". Leurs tableaux furent considérés comme scandaleux, profondément laid pour Courbet, carrément pornographique pour Manet. Ce mépris se renouvelera plusieurs fois, pour d’autres œuvres de ces deux artistes. Aujourd’hui pourtant, les tableaux incriminés sont exposés au Musée d'Orsay et considérés comme des chefs-d’œuvre absolus de la peinture du XIXème siècle. Pourquoi et comment un tel revirement d’opinion : Est-ce une fatalité pour un artiste « génial » de rester incompris de ses contemporains? Et d'où vient ce hiatus entre le jugement des contemporains et celui de la postérité?
On va essayer de répondre à ces questions avec cet exposé : Courbet manet (4.08 Mo)