scènes de genre à l'époque des Lumières

Cette présentation est née de l'idée que François Boucher, peintre français du XVIIIème siècle, principal artiste du style "rococo", était de nos jours trop méconnu ou méprisé. Il a eu le défaut de peindre principalement, sous prétexte de sujets mythologiques, de jeunes femmes dénudées, et ce pour le plus grand plaisir de ses clients, de riches aristocrates ou de grands bourgeois fortunés, aux moeurs légères et à l'esprit libertin (épris de liberté). Parmi ses modèles, sa propre femme, que pourtant il chérissait particulièrement.

Or Boucher fut un peintre à l'activité et à l'imagination débordantes, sans doute comparables à celles de Rubens. Il occupa d'importantes fonctions administratives notamment celle de Directeur artistique de la Manufacture Royale des Gobelins, à laquelle il fournit un grand nombre de cartons, destinés à être reproduits en tapisserie. Il fut aussi premier peintre du Roi. Sa carrière fut facilitée par le patronage de Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, à laquelle il enseignait la gravure.  Mais Boucher n'a pas peint que des nus. Un de ses tableaux, "Le Déjeuner", donne l'occasion de découvrir son talent de "peintre de genre" (c'est à dire des scènes de la vie quotidienne) et de le confronter à d'autres artistes. 

L'échantillon de tableaux ainsi rassemblés  permet aussi de comparer les styles de vie des grandes classes de la société : bourgeois, gens simples et nobles. La plupart des peintres ont travaillé pour des aristocrates, qui leur achetaient volontiers des tableaux pour orner leurs luxueuses demeures. Ces peintures étaient insérées dans des décors en général en boiserie claire ornée de dorures (par exemple au dessus des portes). La plupart des palais où siègent les Ministères aujourd'hui possèdent de tels intérieurs datant du XVIIième siècle (on parle des "dorures de l'Elysée", par exemple). 

Mais certains peintres de l'époque, comme Chardin et Greuze, ont préféré peindre des gens simples.  Du coup il est possible, en confrontant ces différents "tableaux d'intérieur, de trouver d'intéressants indices sur les évolutions sociales, anthropologiques ou politiques du "Siècle des Lumières". 

On trouve un exposé plus détaillé de ces évolutions dans le livre de R.M et R. Hagen "Les dessous des chefs-d'oeuvre", à l'article concernant "Le Déjeuner" de Boucher (Tome 2 p446-451), editions Taschen. Un site analyse plus en détail le tableau de Boucher : 

https://mon18e.wordpress.com/2017/02/20/focus-sur-une-oeuvre-francois-boucher-le-dejeuner-1739/

De même le tableau de  de Troy "Le Déjeuner d'huîtres" est commenté dans :

http://www.peintre-analyse.com/dejeuner_huitres.htm

Voici la présentation: 

Le PDF Scenes d interieur au xviiieme (1.88 Mo)

 

Commentaires

  • Irvoas Lénaïk

    1 Irvoas Lénaïk Le 07/08/2020

    Excellent !
    Tu piques ma curiosité
    Tu ouvres des chemins d 'intérêt
    Œuvres non connues de moi en tout cas, sauf le Bénédicité du Louvre
  • Patrick Aulnas

    2 Patrick Aulnas Le 03/06/2020

    Félicitations pour cette approche sociologique : peuple, bourgeoisie, aristocratie. Elle permet de parcourir la diversité des approches artistiques pour une seule thématique. Nous sommes sans doute assez loin de la réalité quotidienne car l’art se devait d’idéaliser le réel. Le bon peuple de Greuze n’est pas représentatif, ni sans doute les bourgeoises de Boucher imitant l’aristocratie (c’est une constante historique). Mais nous voyons bien comment les artistes imaginaient la représentation de la société.
    Une omission, peut-être volontaire : pour chaque œuvre, le lecteur souhaiterait connaître la technique (huile sur toile, etc.), la dimension et le lieu de conservation.

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