Naturalisme et Classicisme

Saint Louis des Français  (San Luigi dei Francesi) est l'église paroissiale de la communauté catholique française à Rome. Elle est située derrière la Place Navone, en plein centre. Typique exemple d'église baroque, elle est surtout connue pour sa célèbre chapelle Contarelli, qui contient 3 chefs d'oeuvre du Caravage, consacrés à Saint Matthieu. Mais dans la même église, du côté droit de la nef, il y a une autre chapelle, dédiée celle-là à Ste Cécile la patronne des musiciens, et peinte par Le Dominiquin (Domenico Zampieri, dit Domenichino ou Le Dominiquin en français, 1581-1641).  Ce dernier est un peintre de l'Ecole Bolonaise, incarnée par Annibal Carracci, dont il fut l'élève préféré.

Le Classicisme est un courant pictural qui naît au début des années 1600, avec les frères (et cousin) Carracci. Il prône un retour aux modèles de Raphael, où la clarté, l’harmonie des couleurs, l’équilibre des formes, sont mis en avant. Sous l’impulsion de Michel Ange, ce modèle avait été mis à mal par le courant « maniériste » au XVIème siècle en Italie.  Les formes (notamment des corps humains) avaient été distordues et allongées (Michel Ange, lui, les préférait massives, il n’est donc pas responsable de cette part de l’évolution, qui s’est faite à partir de lui, mais sans lui), les poses des personnages contorsionnées, les couleurs poussées aux tons extrêmes. La Contre-Réforme catholique avait recentré la fonction des images sur leur caractère dévotionnel, comme support de la piété. Beaucoup des « bizarreries » maniéristes avaient donc disparu, mais les tableaux devenaient « dévots », mielleux. Les frères Carracci voulaient  leur restituer de la grandeur. Mais Caravaggio allait bouleverser cela, introduisant un "naturalisme" tout à fait original. 

L'exposé sur la chapelle Cesari a proposé une comparaison Caravage/ Carracci. Celle-ci va être poursuivie ici, mais cette fois-ci avec le disciple d'Annibal. Le Dominiquin fut sans doute de moindre talent mais il fut très représentatif de ce que l'on a appelé le Classicisme.  L'intérêt de cette nouvelle comparaison, est qu'on peut juxtaposer les sujets des tableaux, qui parfois, ont des correpondances. Cela permet de percevoir immédiatement l'énorme différence entre le naturalisme très original et profondément révolutionnaire de Caravage, et le classicisme, certes plus banal et plus discret, mais néanmoins non sans mérites du Dominiquin.

Quand on est sur place à San Luigi (et moyennant quelques pièces pour éclairer chacune de ces chapelles)  on peut faire mentalement cette juxtaposition des oeuvres et percevoir ainsi tout  la singularité de ces deux peintres. 

L'exposé: Caravaggio domenichino 1Caravaggio domenichino 1 (3.89 Mo)

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