L'affirmation du peintre

Depuis la Renaissance les peintres n'ont eu de cesse que d'affirmer leur valeur et obtenir ainsi un statut social plus élevé. Car pratiquant un métier manuel, ils étaient considérés comme socialement inférieurs par leurs commanditaires. 

Des individualités remarquables, Van Eyck, Léonard de Vinci, Michel Ange, Titien, Rubens ont été traitées comme leurs quasi égaux par un prince (le duc de Bourgogne pour Van Eyck), un roi (François 1er pour Léonard), un pape (Jules II pour Michel Ange), un empereur ou encore un roi (Charles Quint pour Titien, Philippe III son petit-fils, pour Rubens). Mais à part ces exceptions, les peintres ne jouissaient pas d'une grande considération de la part de leurs commanditaires.

Velasquez et Vermeer ont partagé la préoccupation d'affirmer la valeur de leur art et l'ont traduite  dans un tableau: "Les Ménines" pour Vélasquez, "l'Art du peintre" (ou de la Peinture) pour Vermeer. Mais au delà de cette démarche commune, rien ne rapproche ces deux artistes. Le premier fut le peintre officiel d'un monarque faible, qui contribua à enfoncer son pays dans une décadence entamée avant lui. Le second vécut dans une nation en construction, où l'art avait cessé d'être un objectif du pouvoir pour  devenir l'objet d'un marché, où la demande provenait de bourgeois et de classes moyennes qui souhaitaient orner leurs maisons. 

D'un point de vue strictement pictural, on retient Velasquez pour ses gris, ses noirs, ses rouges et ses blancs, Vermeer pour ses jaunes citrons, ses bleus et sa lumière diffuse. Dans ces conditions, confronter ces deux artistes n'est pas choses aisée, ils ne semblent pas avoir grand'chose en commun. Tout au plus peut-on alors les juxtaposer. Mais cette juxtaposition nous renseigne sur un point fondamental : la liberté de l'artiste, par laquelle il affirme son génie par rapport à ce qui se fait autour de lui, est fortement conditionnée par la situation concrète dans laquelle il exerce son métier. Être peintre du roi n'est pas équivalent à s'adresser à un marché plus ou moins anonyme. Comment Velasquez et Vermeer ont su composer avec les contraintes  qu'ils subissaient, pour faire prévaloir une liberté artistique à laquelle ils étaient attachés et qui justifiait leur valeur, tel est l'objet de l'exposé qui suit. 

La présentation: Velasquez vermeer 2Velasquez vermeer 2 (4.76 Mo)

Commentaires

  • Irvoas Lénaïk

    1 Irvoas Lénaïk Le 02/11/2020

    Merci d'offrir à quelques uns dont je suis, ton énorme travail
    Je l'ai abordé hier et un peu ce matin, avec "délice", allant d'un tableau à l'autre, et réveillée dans mon inertie, par ce rapprochement inédit entre l'Espagnol et le Hollandais
    Tout à l'heure mon regard s'est arrêté sur le tableau de Vermeer "La leçon de musique" ; le virginal et la viole de gambe jaunes m'ont rappelé Proust et la mort de Bergotte dans "La Prisonnière"
    "...grâce à l'aide du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit mur jaune "
    Je ne vais pas mourir au vu de ton travail d'historien d'art ! mais il suscite néanmoins par tes recherches et tes analyses, des réminiscences et des connexions !

    Excellent, les photos de détails de tableau , tu peux en proposer plus, cela permet de "fixer" le tableau
    Rajouter à la date de création pour les paresseux comme moi, le musée qui les présente
    Les dimensions aussi, par exemple, Les Ménines , 3,18 sur 2,76 m, gigantesque par rapport à "L'art de peindre " 1,20 sur 1, 00 m
    godot

    godot Le 04/11/2020

    Bonjour Lenaïk et merci de ton commentaire Tu as tout à fait raison, et tu n'es pas la première à me faire remarquer cela, il faut préciser la taille et la localisation des tableaux. Je prévois de le faire dans un fichier d'index. Je ferai aussi un vademecum touristique, qui renverra aux différents exposés, en fonction du lieu que l'on veut visiter. En espérant que cela sera utile, quand le tourisme aura repris son cours normal.

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